Aujourd’hui je donne la parole à Roman du blog Ouimusique, afin qu’il vous donne des conseils sur sa spécialité, la mémoire et vous aide à mémoriser vos partitions de violon !
30%.
30%, c’est le pourcentage de la population qui pense avoir une mauvaise mémoire. J’ai confronté cette statistique à la réalité de nombreuses fois. À chaque fois que je donne une conférence sur la mémoire à une salle bondée je demande :
Qui au fond de lui pense avoir une mauvaise mémoire ?
Et à chaque fois plus de 30% des mains se lèvent. J’ai posé la question à des étudiants en médecine. Résultats ? 1/3 des mains se sont levées.
Même question à des publics de futurs ingénieurs, futurs commerciaux, futurs assureurs. Même silence. Même pourcentage de mains levées.
Et bien sûr les musiciens n’échappent pas à la règle… J’ai posé cette question aux étudiants du Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon. Et là, surprise !
+ de 30% des mains levées.
J’ai retenté l’expérience avec les élèves de l’École Nationale de Musique de Villeurbanne (élue Capitale Européenne de la Culture 2022). Même résultat.
Je ne sais pas vous, mais moi au bout de 30 fois je me fais une raison… Peut-être que vous faites partie de ces 30%.
Et à cet instant vous vous demandez :
« Mais pourquoi ai-je une mauvaise mémoire ? »
Ou peut-être que votre mémoire vous satisfait mais qu’elle conserve une grande part d’inconnu. Vous savez, comme le personnage mystère dans un jeu de société. Vous connaissez sa taille, sa couleur de cheveux, son but. Mais c’est tout. Pas de quoi deviner ses prochains faits et gestes. Pas de quoi comprendre pourquoi il échoue aujourd’hui à faire ce qu’il a réussi hier…
Et c’est là le problème.
C’est plus dur d’utiliser un outil quand vous ignorez son mode d’emploi. Aussi génial que soit cet outil ! Et croyez-moi, votre mémoire est un outil fabuleux…
Alors dans cet article, nous allons réfléchir à comment mieux mémoriser vos partitions au violon. Et à la fin de l’article, je vous présenterai une technique pour mémoriser 2X plus vite. Cette stratégie a été validée par les neurosciences lors d’une expérience effectuée sur…
Des violonistes et des altistes !
Intéressant, n’est-ce pas ?
I) Mémoriser au violon : un but, de nombreux obstacles
A chaque défi, sa solution.
Et mieux vous comprenez votre problème , meilleur sera votre antidote !
Alors dites-moi.
Quel est votre rapport à la mémoire ?
Certains musiciens ont l’impression de ne pas réussir à mémoriser les morceaux qu’ils jouent. Ils ont beau travailler.
Jouer un morceau entier de mémoire leur paraît impossible !
Ou aussi dur que de gravir l’Everest avec une enclume attachée à chaque pied…
D’autres musiciens mémorisent leurs morceaux assez vite mais…
Dès qu’ils tournent le dos à un morceau 2 semaines, c’est comme s’ils ne l’avaient jamais appris…
Ils enchaînent les hésitations et les fausses notes.
D’autres encore ont l’impression que leur mémoire n’est pas fiable.
Ils ont beau connaître leur morceau, parfois, il suffit d’un rien et c’est la débandade.
Un changement de lumière, un peu de public et le sol vacille sous leurs pieds.
Peut-être que vous, votre bête noire ce sont les passages qui se ressemblent.
Ou peut-être que c’est la peur des trous de mémoire…
Vous aimeriez décoller les yeux de vos partitions, mais..
La peur de vous tromper scotche vos pupilles à ces portées de notes que vous suivez sans vraiment les lire parfois…
Ou peut-être que vous aimeriez simplement optimiser votre vitesse d’apprentissage. Être enfin sûr d’employer la bonne méthode.
D’utiliser des stratégies basées sur des preuves scientifiques.
Sachez que je vous comprends.
Et quelle que soit votre situation, l’astuce que je vais vous partager va vous aider à mieux mémoriser vos partitions aux violons.
Mais avant cela, je dois vous mettre en garde.
Et oui !
Car un piège sournois vous guette…
Travaillez plus pour mémoriser plus : la fausse bonne idée
Peut-être qu’en lisant ce titre vous avez tressailli !
« Comment cela ? Il faut travailler ! Plus on s’exerce fort, mieux on y arrive… »
Et bien, oui mais non !
Ce n’est pas aussi simple que cela.
La preuve !
Vous avez déjà testé cette stratégie.
N’est-ce pas ?
Est-ce que beaucoup plus de travail vous a rendu beaucoup plus confiant ?
Est-ce que votre mémoire est devenue beaucoup plus solide ?
À l’abri des trous de mémoire, des mélanges et des confusions…
Pas vraiment… Ou un peu.
Comment je le sais ?
Parce que c’est la deuxième question que j’ai posé aux étudiants du CNSMD de Lyon…
et à tous les musiciens amateurs et professionnels que je rencontre.
Mais c’est logique au fond !
Pourquoi ?
Et bien parce que, si ce que vous faites ne fonctionne pas.
Rien ne sert de doubler la dose…
Plus de ce qui ne fonctionne pas, ne fonctionne toujours pas !
Je sais.
C’est du bon sens paysan.
Pourtant, c’est la stratégie du je double la dose que beaucoup de musiciens emploient.
C’est une façon comme une autre de compenser l’inefficacité de leurs stratégies d’apprentissage.
Et si c’est votre cas, vous en avez peut-être conclu que votre mémoire est une passoire.
Mais j’ai une bonne nouvelle pour vous !
II) Vous n’avez pas un problème de mémoire mais un problème stratégies de mémorisation
Vous saisissez la nuance ?
Si votre capacité à mémoriser est décevante, ce n’est pas que votre mémoire est mauvaise.
C ‘est juste que vous l’employez n’importe comment !
Votre mémoire est un outil. Il faut respecter son mode d’emploi.
Si vous essayez d’enfoncer un clou dans un mur avec une pomme,
que va-t-il se passer ?
Vous allez être déçu du résultat ! ;D
Cela veut-t’il dire qu’il est impossible d’enfoncer un clou dans un mur ?
Non ! Il faut juste changer de stratégie.
C’est la même chose pour mémoriser vos partitions au violon.
Et c’est là que les neurosciences vont vous aider !
Et oui !
Des études scientifiques sérieuses en neurosciences peuvent vous permettre de comprendre le mode d’emploi de votre cerveau.
De connaître les stratégies qui fonctionnent et celles qui gâchent votre temps.
Si vous pensez depuis toujours avoir une mémoire de poisson rouge, vous allez peut-être changer de discours.
Surtout lorsque vous allez utiliser des stratégies comme celle que je vais vous présenter maintenant.
III) Mémoriser vos partitions de violon : une stratégie d’optimisation prouvée par les neurosciences
En 2017, les chercheurs Peter Miksza et Eric Timperman de l’université de l’Indiana ont fait une très belle découverte.
Ils ont prouvé qu’il était possible de mémoriser deux fois plus vite au violon grâce à une petite stratégie très pertinente.
Description de l’expérience :
Contexte
Les chercheurs ont recruté 20 violonistes et altistes.
Ils ont sélectionné des musiciens au parcours similaire.
Chaque sujet effectuait 3 heures de pratique instrumentale quotidienne et avait 6 ans de formations théorique derrière la cravate
Tous les participants ont dû mémoriser une étude de 18 mesures.
L’étude devait être assez facile pour être jouée en la déchiffrant mais trop complexe pour être mémorisée en 10 déchiffrages
Protocole utilisé
Les chercheurs ont divisé les sujets en deux groupes
Les musiciens du premier groupe ont joué l’étude 10 fois en lisant la partition.
Ils devaient ensuite faire un break de 30 secondes.
Et enfin, ces violonistes et altistes devaient jouer les 18 mesures de tête devant un jury.
Ce groupe est appelé « répétition seule »
Les musiciens du second groupe ont suivi un processus légèrement différent.
Ils ont également joué l’étude 10 fois en lisant la partition.
Ensuite, ils ont dû analyser, par écrit ou oralement, le caractère musical de l’œuvre pendant 6 minutes (structure du morceau, harmonie, rythmique, etc.)
Enfin, ils ont eux aussi joué l’étude de tête devant le jury.
C’est le groupe « répétition + analyse »
Résultats de l’expérience :
Lors du test de mémoire devant le jury le groupe « répétition + analyse » a légèrement mieux mémorisé.
Score moyen du groupe « répétition + analyse » : 49%
Score moyen du groupe « répétition seule » : 43%
6% de différence, c’est bien.
Mais ce n’est pas significatif d’un point de vue statistique !
Il en résulte, qu’à ce stade, la technique n’a pas montré d’effets vraiment intéressants.
Mais lorsque vous voulez mémoriser un morceau, ce qui importe ce qu’il va rester dans votre mémoire dans le temps ! Pas ce que vous retenez la seconde après que vous ayez la partition…
Vous êtes d’accord ?
Et c’est là que cette étude devient très intéressante !
Résultats de l’expérience 24 heures plus tard :
Les scientifiques ont demandé aux musiciens de revenir le lendemain au laboratoire pour un prétexte quelconque.
Et là, les chercheurs ont demandé aux musiciens de rejouer le morceau de tête devant le jury.
Et là, tenez-vous bien, il y a eu une différence énorme de mémorisation entre les 2 groupes.
Le groupe « répétition + analyse » a mémorisé 38% de l’œuvre contre 18% seulement pour l’autre groupe.
C’est-à-dire, que la brève analyse de l’œuvre a permis de mémoriser plus de 2X plus !
C’est fou non ?
Le jour même, peu de différence.
Le lendemain la quantité de musique mémorisée passe du simple au double.
Les scientifiques n’ont pas testé à plus long terme la mémorisation.
Ce qui est dommage…
Mais difficilement réalisable d’un point de vue technique.
Comment vérifier que les musiciens ne retouchent pas la partition ?
Quoi qu’il en soit, le lendemain le niveau de mémorisation était différent !
Et même si la mémorisation décline pour les deux groupes, elle ne déclinera pas à la même vitesse.
Car les deux groupes ne partent plus du même niveau de mémorisation.
Avant de conclure, je vais vous donner quelques indications sur comment analyser la partition.
En effet, vous avez peut-être peur de ne pas pouvoir utiliser la technique par manque de connaissances théoriques…
Mais rassurez-vous, mon conseil va vous faire du bien. 😉
Conseils pour l’analyse de vos partitions au violon
Pour utiliser la stratégie de l’analyse, il suffit d’analyser avec vos propres mots.
Analysez simplement avec les concepts que vous maîtrisez.
En effet, l’analyse engendre un processus de réflexion active.
Celle-ci vous amène à manipuler l’œuvre avec les concepts et la compréhension que vous pouvez en avoir.
Et c’est précisément ce processus de réflexion active qui fixe plus solidement la musique dans votre tête.
Il suffit donc d’analyser selon votre niveau de compréhension !
C’est rassurant, n’est-ce pas?
Bien sûr, plus vous aurez de détails dans cette analyse, plus vous mémorisez ces détails.
Et la maîtrise de nombreux concepts musicaux vous servira…
Mais si vous ne maîtrisez pas beaucoup de concepts musicaux, ce n’est pas très grave. Analyser du mieux que vous pouvez avec vos propres mots comme dans l’exemple ci-dessous :
Exemple d’analyse simple :
“les deux premières mesures sont très calme il y a beaucoup de notes graves.
Ensuite le rythme s’accélère et il y a quelques triolets.
Après la musique devient plus triste et plus profonde…
Etc.”
Vous comprenez ?
Conclusion
Que vous soyez amateur ou professionnel, votre capacité à mémoriser la musique définit la qualité de votre jeu.
Plus votre cerveau connaît les notes, plus vous pouvez vous concentrer sur leur exécution.
Et oui, mieux vous connaissez la route et plus vous pouvez vous concentrer sur votre manière de conduire ! Et plus vous pouvez prendre de plaisir aussi ! 🙂
Vous comprenez l’idée ?
Alors rappelez-vous : mauvaise mémorisation ne veut pas dire mauvaise mémoire !
Oui.
Souvenez-vous que votre cerveau a un mode d’emploi.
Si vous respectez le fonctionnement de votre mémoire grâce aux neurosciences vous allez être abasourdi devant vos performances mnésiques.
Vos résultats seront aussi différents que le jour et la nuit.
Pour cela, il vous suffit de faire appel à votre curiosité, à votre envie de progresser et à une méthode de mémorisation efficace, basée sur des preuves scientifiques.
D’ailleurs, si vous souhaitez découvrir le système d’apprentissage neuro-optimisé de la musique, cliquez ici !
Et pour découvrir comment optimiser la mémorisation de vos partitions de musique, c’est par ici.
Alors, vous êtes prêt à mieux mémoriser au violon ?
Si vous avez des questions, posez-les dans les commentaires.
Pour ma part, je tiens à remercier Marie (votre excellente professeure) de m’avoir accueilli sur son blog.
Et je vous dis à bientôt pour optimiser l’apprentissage de la musique grâce aux neurosciences de l’apprentissage.
Avec confiance et motivation,
Roman de Ouimusique